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2.7 Les pentes

Complété le 21/2/22

Un zoom sur Google-earth , un coup d’oeuil sur les courbes de niveau de la carte topographique geoportail sans oublier de consulter niveau de vol autorisé sur la zone…Une sortie de repérage pour voir voler les rapaces, évaluer les possibilités d’atterrissage et tester la pente avec une mousse suffisent pour trouver son bonheur. Le plaisir de la découverte incite à changer souvent de site, volons partout ou ce n’est pas interdit n’en déplaise au dégât collatéral d’une loi votée à la sauvette qu’il faudra bien amender un jour…Triste image de l’assemblée nationale qui se jour là se résumait à son président, un assesseur, 7 députés en séance et un débat sabordé. Heureusement, l’appel de la nature est plus fort !

Respectez les lieux et ne pénétrez pas sur le domaine privé sans l’aval de son propriétaire, la survie de nos sites de vol en dépend !

Et, divine surprise, l’administration fournit gracieusement les courbes de niveau et même des zones blanches. https://www.geoportail.gouv.fr/donnees/restrictions-pour-drones-de-loisir#!

La richesse du vol thermique de relief c’est l’exploitation des variations permanentes d’aérologie sur de nombreux sites naturels et sauvages : le mixage de la brise de pente avec les déclenchements de bulles et le vent déplace régulièrement la portance dans le rayon de pilotage à vue.

Les petites pentes de moyenne montagne cévenole ou je réside l’été offrent une grande variété de tremplins exposés à toute les orientations exploitables suivant : l’instabilité de la masse d’air, l’exposition, l’albédo, le dénivelé, la forme de la pente, le profil, les obstacles, l’environnement…de nombreux facteurs qui se combinent pour offrir un rapport portance/dérive qui conditionne le rendement de la pente représenté sur ces quelques exemples de petits dénivelés voisins de 100 m. 

2.7.1  L'exposition et l'albédo

L’échauffement différentiel , moteur du tapis roulant, est favorisé par le pouvoir réfléchissant de la pente. Sur une pente claire (calcaire et ravines ont un albédo de 0,30 à 0,40) la brise sera mieux alimentée que sur une pente sombre. (une foret : albédo 0,15 à 0,20)

Les contraste d’exposition et de tons délimitent les zones de déclenchement de thermiques faciles à repérer au pied de la pente : un blé moissonné voisin d’un bois, le talus d’un chemin de terre clair contre une prairie plus sombre.

2.7.2  L'instabilité de la masse d'air

L’épaisseur de la plage de portance et la puissance du tapis roulant varient en en fonction du degrés d’instabilité de la masse d’air.

 Air stable : plage de portance fine et angle de montée (rendement)*

Air instable : plage épaisse et angle de montée ***

2.7.3 Le dénivelé

A grand dénivelé grand différentiel d’échauffement entre la base et le sommet, brise mieux établie, écoulement plus régulier et laminaire. En moyenne montagne sur de faibles dénivelés (100 m) la brise est plus facilement perturbé par les thermiques et le vent gradient, donc très vivantes, c’est tout leur intérêt. On peut y observer jusqu’à 5°de différentiel de température entre un pied de pente boisé et son seuil dégagé.

2.7.4 Angle et profil et rendement

Le rapport portance/dérive et l’épaisseur de la plage de portance sont proportionnels au profil (concave ou convexe) et à l’angle de la pente ; à angle égal un profil concave accélère mieux la brise qu’un profil convexe, la plage de portance est plus large et plus épaisse à proximité du pilote. La dérive est moins gênante.

Pente à profil convexe  à angle moyen de 30°, brise irrégulière, le rapport portance/dérive donne un rendement médiocre**, la bonne plage de portance est éloignée du pilote qui doit descendre dans la pente pour voler à proximité. Le rendement de ce profil est facilement altéré par les obstacles et le vent traversier.

Pente à profil concave. Ce  »toboggan » est favorable à l’accélération de la brise. Avec un angle moyen de 30° : bonne portance et moins de dérive, bon rendement*** même à faible dénivelé. Moins sensible au vent traversier qu’une pente convexe elle donne encore jusqu’à 40° de vent de travers. Suivant le cycle thermique de la pente la largeur de la plage de portance permet de faire évoluer le planeur à proximité et par période voltiger prés du relief.

 

 

 

Falaise à 80° : brise laminaire, portance verticale idéale******, très peu de dérive, rendement idéal ! La plage de portance est sur le seuil de pente, condition propice à la voltige très prés du relief.

Mais la brise est beaucoup plus perturbée par le vent traversier et l’atérrisage au sommet est souvent turbulent.

2.7.5 Dégagement devant la pente

pente masquée : Au-vent de la pente la vallée est encaissée et le relief plus haut. La brise de pente est moins alimentée par la brise de vallée, La pente et plus sensible au vent traversier et turbulente 

pente dégagée sous-le-vent d’un large plateau largement dégagé, l’écoulement de la brise, bien alimentée par le plateau, est laminaire et le cycle thermique de la pente est régulier.

Mais on ne peut pas tout avoir en même temps, le profil convexe de ce superbe site éloigne souvent la bonne portance loin du seuil de pente.

2.7.6 Le relief et la végétation sous-le-vent de la pente

L’activité thermique sous-le-vent de la pente favorise son  »tirage ».

Pente orientée sud-est adossée à un plateau de labours et blés moissonnés, la brise est renforcée par l’aspiration du plateau, écoulement laminaire, bonne portance. Cette pente orientée sud-est portera jusqu’en fin d’après-midi alors que le soleil a tourné au sud-ouest. Rendement****

La pente n’a qu’un dénivelé moyen de 50m, elle bénéficie à la fois de l’alimentation par une vallée dégagée et du tirage de la pente sous-le-vent . Situation privilégiée pour du vol à voile R-C : de la crête de la pente le pilote dispose d’une portance généreuse sur un rayon de 500 m, et d’une bonne variété d’albédo (pâturage, maquis, labours , blé, olivette…) ça peut déclencher de tous les cotés, devant ou derrière la pente, le cycle des thermiques renforce la brise ; il est régulier et facile à suivre. Rendement*****

Pente au-vent d’une forêt sombre, peu d’activité thermique sous le vent de la pente : pas de tirage, bise plus faible. La pente porte moins et sera plus facilement déventée par les thermiques, la portance dépendra beaucoup plus de l’instabilité de l’air et les variations de brise sont rapides. Rendement*

2.7.7 Profil cassé

Végétation et saignées altèrent le profil de la pente, l’écoulement de la brise est perturbé par des turbulences.

par la végétation : écoulement turbulent.

La forêt gagne. En 30 ans troupeaux de moutons et chèvres qui entretenaient les pâturages escarpés de moyenne montagne ont disparu, le réchauffement climatique a permis aux pins de coloniser les pentes nord dont beaucoup ne sont plus praticables faute aussi d’entretien par les védépistedes eux même en forte baisse de fréquentation. 

par une saignée, chemin, haie qui perturbent l’écoulement laminaire de la brise :

  • sous le vent de l’obstacle le sommet de la pente est turbulente.
  • Il faudra souvent aller chercher le bon air 100m devant la saignée.

2.7.8 Pente barrée

Un obstacle perpendiculaire au relief sur une petite pente : rocher, ruine ou alignement d’ arbres créent des turbulences au passage d’une bulle, la portance se déplace d’un côté à l’autre l’obstacle et ça turbule et dégueule côté opposé. La pente est turbulente, sa portance irrégulière, il faut anticiper les rapides modifications de portance : très intéressant !

2.7.9  Largeur de la pente

Une pente large permet une répartition homogène de la brise, le cycle des thermiques est plus régulier, elle supporte 30° de vent de travers et porte quelle que soit sa force, bon rapport portance /dérive.

Une pente étroite isolée ne chauffe pas un volume assez large  pour générer régulièrement sa brise.

Sur ce type de pente le complément d’un vent gradient bien orienté est souhaitable. 

 

Sur un col étroit la pente est facilement masquée par le relief adjacent, elle est souvent turbulente et très sensible au vent traversier.

Vent < à 10 km/h. col à 1200 m, peu de vent. L’écoulement de la brise déborde sur les parois du col sur une plage large et épaisse. Le rapport portance (P) /dérive (D) est favorable au vol thermique . Rendement ***

Le vent > à 10 km/h canalisé par le col s’accélère sur la crête (effet venturi) et aplatit la portance au sommet de la pente :  très forte dérive (D) pour peu de portance (P) et rendement médiocre*.

Il faut souvent voler loin devant dans des thermiques très turbulents.

2.7.10 Pente masquée et rouleau

La turbulence d’une simple dépression (grand fossé) ou entre 2 obstacle (haies d’arbres) favorise la formation d’un rouleau souvent éphémère qui dévie l’écoulement de la brise.

Les bulles qui déclenchent sur le pied de pente bien exposé au soleil et abrité du vent se désagrègent un peu plus haut que le seuil de pente, le Blaster peut spiraler sur une table de bistro mais à mesure qu’il dérive la Vz diminue, il ne monte guère plus haut que les pieds du pilote. Cependant la turbulence peut réserver des surprises intéressantes :

Sur ce valonnement  le dénivelé de 20m est masquée par le relief à 150m au-vent  : pas assez pour générer une brise sans vallée pour l’alimenter. Avec un lancer-main ou un RES on peut accrocher dans les basses couches des effets ondulatoires avec un technique similaire au vol habité : spiraler d’abord dans la bulle (vol turbulent), puis élargir devant sans se laisser dériver quand le rotor se forme (vol moins turbulent) pour atteindre un effet de pente laminaire parfois suivi d’une plage ondulante.

Autre exemple sur un dénivelé masqué de 100m.   

15km/h de vent au sol, la portance de la pente est irrégulière et les bulles turbulente dépassent rarement la hauteur du seuil.

Après plusieurs tentatives le planeur trouve une bonne Vz plus loin devant, monte en spirale au-vent du rouleau puis accroche l’ondulation à…100m d’altitude où le vent laminaire souffle plus que au sol. Il peut évoluer au-dessus de la pente sur une large plage de portance avec une Vz régulière qui l’emmène à perte de vue. Des séquences de vol dos et quelques acrobaties sont nécessaire pour ne pas dépasser le plafond.

Le planeur évolue probablement sur une « ondulette » de relief.

4 commentaires

  • Félicitations au rédacteur pour cet article exemplaire et très complet, bravo et merci pour le travail accompli
    Paul

    Répondre
  • Bonjour et merci pour toutes ces explications .
    Au début de votre exposé vous faites mention des montagnes cévenoles .
    j’habite Nîmes J’ai volé plusieurs fois à l’Aigoual ( avant) ! mais maintenant une bande de technocrates y interdisent le vol !!!.
    Pouvez vous m’indiquer quelques pentes accessibles ?

    Amicalement Thierry PORTALES licencié FFAM AGA NÎMES Courbessac

    Répondre
    • Bonjour Thierry,
      En effet, les pentes de l’Aigual sont dans le parc nationnal des cevennes 🙁 j’y ai fait mes débuts de vdp avant le parc, c’est maintenant une zone sinistrée !
      Il faut réinventer en cherchant ailleurs sur la carte ign géoportail, tu as des taches blanches sans restriction de vol en bordure de causse :
      L’une au nord de Gatuzières autour du serre rond avec de jolis dénivelés orientés de sud-est à sud-ouest.
      L’autre beaucoup plus grande autour de la vallée du tarnon est surplombée par une multitude de pentes de 300m de dénivelé et toutes orientation.
      Dautres entre vallée de l’hérault et vallée borgne que tu peux accéder à partir du col du pas, du col de l’espinas.
      La région est riche et ensoleillée !
      Bons vols

      Répondre

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