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Aéromodélisme et Biodiversité Chapitre 2

Rencontres fortuites

Notre précédent article sur l’étude allemande a suscité de nombreuses réactions. Si elle montre bien un impact très limité de notre activité sur la reproduction des oiseaux nicheurs, en revanche elle ne traite pas des espèces rares.

Nous allons maintenant vous faire part de remontées du terrain que nous avons reçues et de vos observations. Celles-ci sont issues de vos rencontres avec nos amis les oiseaux qu’ils soient rapaces ou proviennent d’autres espèces. Celles-ci sont magiques et restent pour la plupart gravées dans le souvenir de leurs auteurs.

Se déroulant souvent dans des zones isolées, par définition peu fréquentées, les pilotes étant occupés à tenir les manches, il est donc difficile d’en capter des images. Les témoignages suivants n’en prennent que plus de valeur. Nous tenons toutefois à attirer l’attention du lecteur, que contrairement à l’étude allemande, cet article n’est pas basé sur une démarche scientifique, mais juste sur des témoignages, des récits et l’observation de nos amis les oiseaux.

Vercors : Vol avec le Milan

Paul Derbier : « Voici les photos des différentes approches du milan, et de sa progression pour finir par se placer au-dessus du Solius, se détachant d’un vol de plusieurs milans, il avait fait une première approche pendant plusieurs minutes, mais nous n’avions pas d’appareil photo pour immortaliser l’instant.

Après quelques minutes, il est reparti rejoindre sa famille qui enroulait un thermique à 200 m de nous, Fabrice G(…) est alors aller chercher son appareil photo pendant que j’envoyais le Solius rejoindre la famille milans dans le thermique.

Comme je l’espérais, lorsque j’ai ramené le planeur vers nous, le jeune Milan l’a à nouveau suivi, volant à droite, à gauche, dessous, dessus, toujours légèrement en arrière, mais de plus en plus proche pour finir, après l’avoir bien observé, et peut-être s’être assuré qu’il ne présentait pas de danger, et qu’il n’était pas non plus un gibier, par se placer comme sur la photo et enrouler un thermique à une cinquantaine de mètres de nous, pendant quelques minutes avant de repartir vers les siens .

On voit d’ailleurs très bien sur la photo qu’il tourne la tête à droite dans le sens du virage. »

Aveyron : Vol avec les Vautours

Didier Caldara, membre des « Vautours de Millau Aéromodélisme » et président de ce club de 2010 à 2022 :

« Bonjour, je suis modéliste depuis environ 1965 et pratique le vol de pente depuis 1980. j’ai volé sur de nombreuses pentes de France toutes régions confondues. Depuis ma retraite je me suis installé à Millau. Dans cette région il y a de nombreuses belles pentes dont parmi les plus connues celle de Millau la Granède et celle de Mascourbe (commune de Saint Félix de Sorgues), toutes deux situées en Aveyron dans le parc des Grands Causses. Depuis que je pratique le vol de pente j’ai souvent croisé dans les airs de nombreuses espèces de rapaces : Buses variables, Milans royaux et noirs, circaète Jean la Blanc, Gypaète barbu, faucons de plusieurs sortes, les Vautours fauves, moines et très rarement percnoptère. Je tiens à apporter mon témoignage sur la cohabitation des rapaces avec les modélistes. Je n’ai jamais eu ou vu d’accrochage en vol avec aucune de ces espèces. Il ne m’a jamais été rapporté de tels faits. Depuis que je suis installé à Millau je vole dès que la météo le permet, c’est à dire assez souvent. Au cours de nos séances de vols la présence des rapaces est très fréquente. Ces oiseaux sont indifférents à nos planeurs dont l’envergure va de 1m à 5m. Comme je l’ai dit auparavant, malgré mes nombreuses heures de vol je n’ai jamais eu un seul incident avec ces oiseaux. Parfois certaines espèces s’approchent de nos planeurs, d’abord par curiosité et des fois pour jouer en tournant autour (milans noirs et Gypaète barbu principalement). Quand ces oiseaux en ont assez, ils s’éloignent. Il n’y a jamais eu d’attaque de leur part. La cohabitation avec eux est sereine et nous permet de belles photos. A l’endroit où nous pratiquons le vol de pente, aucun cas de nidification n’a été signalé. Nous avons compté plus de cinquante vautours fauves et moines en l’air en même temps. La présence de ces placides rapaces est un plus pour les modélistes qui aiment le vol majestueux de leurs planeurs ou des rapaces.  Nous respectons la nature sous toutes ses formes et ne laissons jamais un déchet sur place, ce n’est pas le cas pour tous. »

Cévennes :

André Rutten : En plaine l’hiver les déclanchements d’ascendance thermique sont dispersés, en début et en fin de convection lorsque les bulles d’air chaud portent bas les oiseaux  transitent volontiers vers un planeur qui leur indique un départ d’ascendance thermique.

Quel spectacle lorsqu’un Milan royal ou une escadrille de Mouettes rejoignent mon planeur pour partager la bulle et refaire le plein d’altitude avec lui !  Et parfois très bas avec un planeur lancer-main.

Curieusement, du sol on peut observer leur vol de plus près en pilotant !

Pas effrayés par sa présence discrète, font-ils intuitivement le lien entre le planeur radiocommandé et son pilote ?

Ainsi, Goélands, Mouettes, Milans partagent volontairement leur espace avec les planeur, parfois ils sont carrément complices !

Cigognes, Grues et Vautours me semblent indifférents, ils volent très près dans l’ascendance, souvent juste au-dessus et derrière le planeur. Par contre le petit Faucon crécerelle garde ses distances tout en marquant son territoire.

En montagne, les ornithologues qui comptent les passages de migrateurs sur les cols des Cévennes constatent avec étonnement que la présence d’un planeur radio-commandé ne dévie pas leur trajectoire.

Vallée du Rhin : Vol avec les Cigognes

Hervé Morel est un aéromodéliste aguerri et pilote grandeur qui a un pied de chaque côté du Rhin. Il vole alternativement en France et en Allemagne. Zone naturelle de migration, la vallée du Rhin constitue un cadre propice aux rencontres avec ces grands voiliers. La vidéo montre bien l’intérêt des oiseaux pour nos planeurs et la façon dont ils s’en amusent.  

Sa chaine YouTube : @PLANEUR67

Encore une fois, ces rencontres interviennent dans des circonstances particulières. Nous ne sommes que les invités de la nature et nous devons toujours avoir cela à l’esprit.

Elles sont pour nous une sacrée leçon d’humilité devant la supériorité évidente de l’espèce animale. Nous ne pouvons que nous émerveiller devant cette beauté naturelle et une maitrise innée et absolue du vol et de l’utilisation des ascendances. Pour certains pilotes c’est la quête de toute une vie.

6 commentaires

  • Bonjour
    De mon coté aussi , j’ai souvent volé au cotés de rapaces ou autres oiseaux. A la pente, les rencontres aves les Milans, buses, sont fréquentes. En lancé main il nous est fréquemment arrivé d’aller chercher la pompe que des Milans, cigognes et autres volatiles nous indiquaient. La cohabitation s’est toujours bien passée, sauf une fois à la pente où mon modèle a été attaqué par un couple de buses variables. Ces expériences et cette expérience en particulier, me laisse penser que la cohabitation avec les oiseaux , les rapaces en particulier, se fait sans aucun problèmes, sauf en période de nidification!
    Le temps et l’énergie que va passer l’oiseau a venir « renifler » notre modèle, voir essayer de l’intimider (comme il le ferait avec un congénère) ce sera autant de temps et d’énergie qu’il n’utilisera pas au profit du nouriçage des poussins, si il y a plusieurs modèles la perte de temps sera multipliée, cela peut avoir des conséquences délétères pour les petits. Bref il me semble nécessaire d’être vigilant et respectueux de nos amis du peuple de l’air, confronté à un oiseau qui nous attaque pour défendre son nid, mieux vaut poser et remettre à plus tard nos arabesques!
    Bons vols à tous
    Rémy

    Répondre
  • Salut,

    Je vole énormément en plaine et les prises de pompes en compagnie d’oiseaux sont courantes, et ils ne semblent pas le moins du monde dérangés par nos planeurs.
    Après parfois une légère curiosité pour nos modèles ils continuent leur vol en un présomptueux dédain pour nos paquets de fibre et de carbone, nous signifiant bien que nous ne sommes que des terriens.

    Répondre
  • J’ai été attaqué deux fois par des aigles dont un a laissé des traces de ses serres sur le planeur. Ceci sur des sites fréquentés régulièrement par des modélistes. A chaque fois, pour ne pas le déranger plus longtemps, je me pose aussitôt. Mais sur des zones d’ascendance thermiques, il m’arrive de voler avec plusieurs Vautours sans aucun problème. Ils nous rejoignent en bandes le temps de prendre assez de hauteur pour aller voir plus loin. Les grands oiseaux sont parfois moins agiles que nous et il convient de ne pas voltiger en leur compagnie, pour être sûr de ne pas risquer de les blesser. Le Chocards sont particulièrement agiles et sont des maitres en acrobatie près des falaises.
    Ils volent souvent en couple et jouent volontiers. Ce sont les seuls oiseaux qu j’ai vu plusieurs fois faire des demi tonneaux et revenir a plat après un peu de vol dos.

    Répondre
  • Je vole en plaine avec un 2 axes léger (res)
    Si je suis seul , un petit coup de sifflet et la buse ou le milan royal répondent.
    Quand je trouve l’ascendance dans le ciel vide , il ne faut pas longtemps pour être rejoint par quelques buses. ( 4, 6, 8, puis 12 pas plus tard qu’hier)
    Un petit coup de sifflet et elles répondent de concert, ça fait un concert de sifflets ;o)
    Je peux alors partir en cross avec elles qui balisent les pompes et les belles transitions sans chuter.

    En septembre , nous avons aussi les cigognes qui passent en migration.
    En revenant d’une belle transition pour me poser, j’ai eu la surprise de voir une cigogne noir décoller et prendre l’ascendance dans la prairie d’a coté.
    Je l’ai accompagnée des dix mètres d’altitude jusque ma limite de visibilité pour venir enfin poser le planeur et reposer mes cervicales.

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